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le Monde de kikushiyo
14 juin 2015

Butterfly - de et mise en scène Ramesh Meyyappan - I.V.T. 13 juin 2015

A peine j'ai poussé la porte de l'International Visual Théatre (IVT) que je me suis retrouvé dans un monde que je ne connais pas, celui du langage des signes.

butterfly

Un univers plein de mouvements et d'expressions faciales. Je ne dis pas qu'il y a le silence car l'espace sonore est très chargé. Les personnes qui sont autour de moi communiquent en langue des signes (lsf). Celle-ci mime avec son index une spirale qui monte vers le ciel, puis elle s'étonne. Celui-là pose son pouce sur la joue puis il sourit. Une savante grammaire gestuelle dont je me sens exclu.

Je n'avais pas ressenti cet étrange sentiment de solitude et d'exclusion depuis mon premier voyage à Berlin, lorsque j'étais allé au Berliner Ensemble pour voir la pièce "Der aufhaltsame Aufstieg des Arturo Ui" ("La Résistible Ascension d'Arturo Ui") de Bertold Brecht. C'était beau mais je me sentais tellement loin de la langue allemande que je me résignais à me laisser porter uniquement par les sons, les couleurs éclatantes et le jeu des comédiens où transpirait tant d'émotion.

C'est la même chose qui s'est passée hier, lorsque je suis allé voir le spectacle de Ramesh Meyyappan, "Butterfly". Un jeune ouvreur a regardé mon billet et il m'a fait un sourire. Il a délicatement levé la main vers sa bouche avant de baisser son avant bras. Le sourire que je lui retournais semblait sûrement pathétique. On m'a dit ensuite qu'il m'avait salué en me souhaitant une bonne soirée.

Quand je me suis installé sur mon fauteuil, ce même jeune homme de l'accueil est venu se poster face au public puis il a signé de ses deux mains agiles, c'était beau. Pour le public entendant, une voix de femme rappelait d'éteindre son téléphone portable.

La lumière s'est éteinte sur une salle silencieuse, avant qu'un éclairage doucement teinté ne laisse apparaître trois personnages. Deux hommes et une femme qui se livraient à un entrecroisement des corps, une chorégraphie minutieusement orchestrée.

Elle fabrique des cerfs-volants, lui est chasseur de papillons, l'autre l'aime et lui achète ses cerfs-volants. Parfois, on ne voit pas les objets portés par le vent, mais on les devine, au gré de la danse de la femme qui manie le cordon invisible qui s'élance vers le ciel. D'un côté, elle lui apprend le maniement, de l'autre, il lui montre le délicat mouvement du filet de chasse. Forcément, les deux corps finissent par se rencontrer, dansent et s'extasient. Tout n'est qu'expression des visages qui s'animent. On se croirait revenu à l'époque du cinéma expressionniste muet de Friedrich Wilhelm Murnau ("L'Aurore" 1927). Plus besoin de mots puisque tout est là.

butterfly(2)Les papillons rencontrent les cerfs-volants, c'est délicat. Et puis, quand son amant la quitte, tout s'effondre autour d'elle, jusqu'à ce qu'elle bascule dans un monde onirique. Soudain, la scène se transforme en un castelet ouvrant sur une séquence de marionnettes manipulées par les trois comédiens qui, d'un coup, abandonnent leur rôle pour devenir montreurs. Là, la marionnette de l'enfant prend vie et s'anime au gré des mouvements qu'on lui donne. Parfois c'est tragique jusqu'à en devenir effrayant. Impossible de ne pas faire de comparaison avec le théatre japonnais du Bunraku. On voit les montreurs et pourtant on arrive à les oublier tellement ils donnent une âme au quatrième personnage qu'est l'enfant.

Très beau spectacle poétique pour un excellent moment. Bravo!

 

Singapour en France - Le Festival : Butterfly à l'IVT

 

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