Un sur deux - de Steve Mosby - 2007 (Sonatine éditions 2012)
"L'un va mourir, l'autre survivre. Le choix leur appartient." sonatine-editions.fr
"Un sur deux" est un exercice de style intéressant qui donne à un serial killer un trait de personnalité quasi romantique.
En effet, après avoir séquestré des couples et avant de les torturer, le tueur annonce : "On va jouer à un jeu sur l'amour." Difficile donc de protéger les secrets de sa vie intime lorsqu'on est épié par un fou.
Voici un affaire qui tourne en boucle et dont l'inspecteur John Mercer, chef expérimenté d'une brigade spécialisée, obtient des résultats qui paraissent mitigés. Mercer fera une grave dépression qui l'entraîne vers un suivi psychiatrique, après qu'un de ses hommes soit abattu par le tueur.
Le roman démarre deux années après ce drame, en même temps que l'arrivée dans la brigade d'un nouvel inspecteur, Mark Nelson. Mercer, de nouveau à son poste, reprend une enquête qui ne semble pas avoir beaucoup évoluée en son absence. L'opposition entre le vieil homme expérimenté et son alter ego impressionné par l'aura de son aîné, révèle pourtant de multiples points communs. L'histoire de ces deux écorchés vifs dévoile au fil des pages les stigmates de leur souffrance, des plaies de leur passé qui ne se referment pas et laissent apparaître les tourments qui les tiraillent. Ensemble, ils vont s'acharner à résoudre l'affaire du tueur de couples, quitte à y laisser leur santé psychique.
Si j'ai eu vraiment beaucoup de mal à entrer dans l'intrigue, contrairement à ce que j'avais ressenti à la lecture de "Il" de Derek Van Arman (Sonatine éd.) ou bien encore de"Au-delà du mal" de Shane Stevens (Sonatine éd.), c'est parce l'histoire ne repose pas sur des faits rationnels qui se raccrochent à la réalité. Je pense qu'il s'agit plutôt d'un bon exercice de style britannique où Steve Mosby déroule le fil de l'histoire avec une structuration très "Agatha Christienne" : un crime, des indices, une enquête et des rebondissements. Je ne dis pas, il y en a qui aiment ce côté Old School de l'intrigue policière. Je trouve aussi que le profil du tueur a très peu de consistance. L'auteur ne s'arrête pas du tout sur les traits de sa personnalité, sa psychologie. Ceci en fait un tueur insipide qui n'effraie pas lorsqu'il apparaît, à la façon de Thomas Bishop, le psychopathe de "Au-delà du mal" (dont on se souvient très longtemps).
Je reconnais toutefois des qualités d'écriture indéniables à Steve Mosby, ainsi que la fluidité de son phrasé qui s'appuie, en tout cas, sur une traduction d'un style simple et plaisant rendant la lecture aisée. Le principe du compte à rebours, au gré des chapitres qui s'égrennent, maintient le lecteur en haleine jusqu'aux dernières pages. Dans l'ensemble c'est plutôt la dernière partie qui marque la qualité du livre. L'élan des cent dernières pages (sur 440) installe un dénouement palpitant où tout s'emballe dans une course effrénée. Le rythme devient tachycardique et l'auteur s'amuse à renvoyer le lecteur sur d'autres voies que celles tracées initialement.
Titre original : The 50/50 Killer
Poche : Collection Points Policier P2062 - 7,80 €
Nombre de pages : 439
ISBN 978-2-7578-0951-8