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le Monde de kikushiyo
27 avril 2015

La guerre de Sécession - Les Etats désunis - André Kaspi (1992)

Collection Découvertes Gallimard (n° 157), Série Histoire, Gallimard.

la guerre de Sécession - Les Etats désunis

"En 1860, les usines du Nord fabriquent 90% des produits manufacturés de la nation" (p.26) Le XIX° siècle étend ses richesses liées au développement industriel, creusant un peu plus la fracture qui sépare le Nord et le Sud des États Unis d'Amérique.

Alors que le Sud s'enferme dans une économie centrée sur l'agriculture, que se partagent de riches familles qui possèdent des terres et des esclaves, des planteurs qui, privés de leur main-d'oeuvre, seraient voués à la faillite, le Nord se modernise et s'ouvre sur l'immensité du pays en développant notamment ses réseaux de voies ferrées. "La seule Nouvelle-Angleterre fait mieux que tous les états du Sud réunis." (p.26) Déjà, les mouvements abolitionnistes émergent dans les universités de Boston ou de Philadelphie. Dans le Nord, d'autres fronts sociaux s'ouvrent pour de nouveaux droits : "La réforme de l'éducation, la lutte contre l'intempérance, contre les mauvais traitements infligés aux débiles mentaux et aux détenus, pour l'émancipation des femmes [...] sont autant de bonnes causes qui plongent leurs racines dans le terreau du Nord." (p.28)

Entre le 6 novembre 1860, date de l'élection d'Abraham Lincoln et le 4 mars 1861 qui correspond à la prise de fonction du président républicain, sept États quittent l'Union et font Sécession. Lincoln n'a pas encore pris ses fonctions que Jefferson Davis devient, le 16 février 1861, président du gouvernement provisoire de la Confédération sudiste. L'Amérique va s'enfoncer peu à peu dans un conflit entre le Nord qui veut une nation libre  et le Sud qui prône une nation esclavagiste. La guerre éclate le 12 avril 1861, quand les canons de la Caroline du Sud aux ordres du Général Pierre Beauregard prennent d'assault le Fort fédéral de Sumter à Charleston.

Pour tout comprendre de cette guerre fratricide, fondatrice de l'Union américaine, non sans laisser, aujourd'hui encore, des cicatrices qui se referment avec difficultés, André Kaspi dénoue les noeuds des questions que je me posais sur les grandes batailles (Gettysburg,...), les généraux confédérés comme Robert E. Lee, Thomas J."Stonewall" Jackson, ou d'autres généraux réputés de l'Union comme Ulysses S.Grant, William T. Sherman, George B. McClellan ou encore George A. Custer (qui inscrira son nom dans l'histoire lors de la boucherie contre les Sioux à Little Big Horn en 1876 ...).

Il faut souligner la qualité du plan de l'ouvrage qui est d'une grande fluidité, ce qui rend la lecture aisée. On notera le choix des annexes qui constitue un véritable voyage dans le temps. Les témoignages et documents constituent un atout indéniable. Que se soit la dernière déclaration de John Brown du 2 novembre 1859, avant la condamnation à mort de ce premier abolitionniste qui passa à l'acte en tentant de déclencher une guerre émancipatrice à Harper's Ferry. Aussi, l'allocution de Jeff Davis au Congrès le 29 avril 1861 alors qu'il vient tout juste d'être proclamé président de la confédération. Et puis, il y a le discours de Lincoln à Gettysburg du 19 novembre 1863. On y trouve aussi le commentaire de la première bataille de cuirassiers du 9 mars 1862, le Merrimar contre le Monitor, relatée dans la presse française par le prince de Joinville. Cet affrontement fluvial fût annonciateur d'une nécessaire modernisation des marines occidentales. Mais la guerre de Sécession fût avant tout un conflit moderne qui permis l'applicaton de nouvelles armes et de nouveaux armements.

 La guerre de Sécession restera le conflit américain qui recense le plus grand nombre de victime puisqu'il a fait plus de 600 000 morts en 4 années.

Mais si la reddition d'Appomatox Court House d'avril 1865 entérine la victoire de l'Union, on peut toutefois se questionner rétrospectivement sur les véritables vainqueurs. En effet, les anciens esclaves, bien que libres, ont attendus longtemps, voire n'ont jamais vu "les quarante acres (de terre) et une mule" dont ils rêvaient et qu'on leur a promis. En effet, ils sont libres, mais leur statut social est misérable. De plus, le Nord se désintéresse de leur sort. Dès 1866, le Ku Klux Klan est fondé, qui incarne l'esprit de revanche des sudistes. Cette organisation secrète fait la chasse aux noirs et prône la suprématie blanche. Quoiqu'il en soit, les noirs n'ont pas tirés profits de la victoire des Fédéraux. Se souvient-on que le projet initial de l'Etat américain reposait sur la différence des races. Ce fait n'est aucunement remis en cause par la guerre de Sécession et la victoire de Lincoln. Kaspi l'explique très intelligemment en reprenant les premiers discours de Lincoln, ceux de sa campagne de 1860, qui étaient plutôt centrés sur un statu quo dans les États du Sud et que les propriétaires d'esclaves gardent leurs "biens".

Et puis, pour rafraîchir la mémoire à ceux qui louait, il n'y a pas si longtemps que cela encore, ce ridicule Napoléon III et avant qu'il échoue de manière catastrophique dans sa conquête du Mexique en 1865, puis qu'il ne ridiculise la France en 1870 en perdant contre Bismarck à Sedan (au revoir l'Alsace et la Moselle...), celui-ci avait fait le choix lamentable de soutenir la confédération ségrégationniste du Sud contre l'Union de Lincoln. A contrario, l'opinion publique française adoptait plutôt les thèmes abolitionnistes. Plusieurs fils de Louis Philippe, de la famille des Orléans, allèrent combattre dans l'armée du Nord. Décidément, après le "Code Noir" de son oncle Napoléon Bonaparte et le rétablissement de l'esclavage aux Antilles françaises, on finirait par croire que Napoléon III tient de sa famille cette haine des noirs !!?? Mais si je dis ça, je ne dis rien.

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