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le Monde de kikushiyo
29 mai 2014

Bucolique terrasse - by Kikushiyo

Quand il revient à Paris, il aime s’asseoir à une terrasse, commander un café et regarder les gens qui passent.terrasse café

Toutes ces personnes qui se croisent au rythme du temps qu’il fait. Véritable galerie de portraits qui composent chacune de ses flâneries. Ça l'amuse et il a le temps. Et puis le mois d’avril est propice à l’errance parisienne car la température n’est ni trop chau­de, ni trop froide. Au détour d’un regard échangé avec un passant, il se questionne. A quoi pense cette jeune femme rousse auprès de ces deux femmes âgées qui discutent ? Elles ont l’air soucieuses. L'une, celle qui parle, parait vraiment affectée et l'autre hoche la tête de manière condescendante. Celle qui écoute tient en laisse un petit caniche blanc. Il est sagement assis et attend patiemment que sa maîtresse ait terminée, levant parfois la tête dans sa direction pour lui adresser un regard. Ici, un adolescent à l’arrêt d’un bus qu’il n’attend pas, il frappe frénétiquement sur le clavier d’un ordinateur portable posé sur ses genoux.

Pendant qu’il repose sa tasse de café tiède, la radio diffuse une chanson langoureuse. C’est William Sheller qui se demande pourquoi les gens qui s’aiment sont  toujours aussi cruels ? Il se souvient que lui aussi avait été cruel il y a plusieurs années de cela. Maria Pia et lui flânaient sur la plage d'Agosta à Porticcio. Il aimait ressentir le sable chaud sous ses pieds, les grains qui s'infiltrent entre chacun des orteils lui communiquent une sensation de bien-être. Bien que Maria Pia soit à ses côtés il percevait, cette année-là, un sentiment de vacuité. Ils discutaient à bâtons rompus de choses et d’autres le long du rivage.

Ce jour-là, comme souvent ces derniers temps, Maria Pia semblait se complaire à tout contredire. S’il disait blanc elle disait noir et vice versa. Pourtant, il en avait l'habitude, mais cette fois-ci, il faut croire qu'elle avait été trop loin. Son seuil de tolérance à lui avait atteint ses limites. Et puis, l'aimait-il encore ? Une idée aussi soudaine qu’inattendue  lui avait traversé l’esprit. Il ne s’imaginait pas devoir vivre toute sa vie auprès d’une femme qui lui demanderait inlassablement de toujours tout expliquer. Et si ça lui plaisait à lui de s’exprimer comme il voulait, sans systématiquement tout devoir justifier. Alors, de but en blanc, il lui avait dit :

- il faut qu’on se sépare ce soir.

Mais plutôt que de penser à lui, il préfère se tourner de nouveau vers ces quidams qui se partagent le bitume parisien. Là, un homme brun qui accélère le pas pour se mettre à la hauteur d'une très jeune femme, ravissante. Il lui parle avec un large sourire. Elle s’arrête et détourne son regard. Visiblement il l’importune. Comprenant qu’il n’y a rien à espérer, il rebrousse chemin l’air déçu. Profitant de l’occasion, elle presse le pas et s’en va. Un pakistanais qui vend du pop-corn fait le pied de grue devant la  station de métro Buzenval et le marchand de journaux reste imperturbable dans son kiosque. Une femme s’approche, inspecte la presse et saisi le journal du soir récemment arrivé.

Maintenant le café est froid, il termine sa tasse, sourit, pose sa monnaie sur le guéridon, se lève et s'en va.

29 mai 2014 - Kikushiyo

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