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le Monde de kikushiyo
9 mars 2014

Le fils unique - de Yasujirō Ozu (1936)

Le film de Ozu ressort en salle le 19 juin 2013 et en DVD le 9 octobre 2013 (Éditions Carlotta).

Le cinéma d'Ozu d'avant-guerre aborde des thématiques graves, parfois à travers la candeur du regard d'un enfant. En fait, Ozu, évoque irrémédiablement sa propre enfance et ses relations à ses parents.Le Fils unique - de Yasujiro Ozu Ainsi, il est question de la misère sociale, de la manière de s'acquitter auprès de ses parents de la dette de vie, cette créance qu'on leur doit à jamais. Avec "Le fils unique" Yasujirō Ozu évoque la question de l'enfant réel qui pour la mère s'oppose à l'enfant rêvé, en tout cas celui qu'elle aimerait avoir.

Contrairement au cinéma de Kenji Mizoguchi que j'apprécie particulièrement, les films d'Ozu ne m'émeuvent pas. Je trouve que c'est un cinéma ennuyeux qui s'adresse à une caste d'initiés qui peuvent percevoir tous les codes qui traversent les plans fixes de sa filmographie.

"Le fils unique" ne déroge pas à la règle. En 1936, Ozu questionne l'importance des études comme ascenseur social dans les classes dites laborieuses. Dans le film, c'est le professeur Okubo qui est le passeur de la parole d'Ozu (qui était lui-même instituteur avant de partir à Tokyo y faire du cinéma), celui qui transmet d'une rive à l'autre, d'une mère à son fils. Lorsqu'il s'adresse à Otsune, cette mère qui élève seule son fils unique, il vient plaider la nécessité d'une "bonne éducation pour réussir." car "Ce serait dommage qu'il [Ryosuke, le fils] ne fasse pas d'études supérieures." Ces propos vont convaincre Otsune d'inscrire Ryosuke au Lycée. Elle qui s'imaginait garder son fils auprès d'elle, ne pouvant pas payer les frais. Elle devra donc se sacrifier en vendant sa maison et son terrain pour que son fils réussisse et devienne "un grand homme".

Dans ce premier film parlant de Yasujirō Ozu, le son y occupe une place prépondérante et donne de l'intensité à tous les plans fixes. Le tic-tac d'une horloge rythme le temps qui passe, l'attente ; le tac-tac-tac des fileuses à soie est omniprésent, le jour et la nuit et rappelle aussi que le Japon des années 30 était laborieux, mais pauvre. C'est d'ailleurs dans ce terreau de la pauvreté que les racines d'un nationalisme expansionniste vont émerger, qui mèneront bientôt le pays du soleil levant dans le précipice et l'anéantissement qu'on connaît.

Après que Ryosuke eut terminé ses études et se soit installé à Tokyo, sa mère vient lui rendre visite. Elle découvre la promiscuité dans laquelle il vit. Désormais, il est marié et père d'un nourrisson. Les cours du soir qu'il donne ne lui permettent pas d'échapper à la précarité. Sans rien montrer de sa déception, Otsune tend à une certaine désillusion. C'est encore le professeur Okubo, qui dorénavant confectionne du porc pané à Tokyo, qui va apporter cette réponse sommaire mais somme toute empreinte de bon sens : "On ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie."

Il faut accepter que le fils ne soit pas prodigue. Chose pour laquelle la mère ne semble pas vouloir se résigner. Elle en garde une certaine amertume qui apparaîtra sur le dernier plan, une fois revenue dans son village et après avoir tenu des propos élogieux à l'égard du fils. Pourtant, aveuglée par tous ses regrets, Otsune s'est-elle rendue compte que Ryosuke, faute d'être devenu "un grand homme", était un homme bon ?

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