J'ai lu quelque part que ce film était très long (3 heures), c'est vrai. Qu'il était misogyne, car les femmes avaient surtout une place d'objet sexuel, c'est vrai aussi. Que "Le loup de Wall Street" faisait l'apologie de l'argent roi et que c'était un film dangereux. C'est encore vrai.le loup de wall street

So what ? Scorsese sait faire du hors pistes. Il sait être amoral et provocateur sans être nauséabond. Soyons choqués et restons perturbés par ces images rythmées par nos pulsations tachycardiques. C'est inouïe, tant l'enchainement des séquences est accéléré par toutes les substances absorbées par J. Belfort et ses acolytes.  "Le loup de Wall Street" fait tomber mes carcans et révèle l'étendue de la mauvaise conscience qui veille en chacun de nous. Di Caprio nous pousse hors des clous et, pour ma part, j'ai aimé. Notre société, telle qu'elle ronronne aujourd'hui a besoin d'être bousculée, tout comme Jordan Belfort (Léonardo Di Caprio) a su bousculer l'Amérique des années 90's.

Scorsese et Di Caprio, deux virtuoses qui m'ont poussés dans mes retranchements. La seconde partie du film est très longue (trop ?) et suffocante tant le spectateur était abreuvé de cocaïne, d'ecstasy, d'alcool, de yacht, de Ferrari, de sexe et d'argent. On a envie d'arrêter, de sortir, c'est oppressant.

Des orgies hétéro, homo. Et puis des lancés de nains. Tout ceci est irrévérencieux.

Jordan Belfort a toujours été doué pour vendre. Ce n'est pas l'héritier d'une grande famille, mais un homme qui va vouloir toucher du bout des doigts son rêve américain. A 22 ans, jeune homme marié, il débarque à Wall Street. Il ne lui faudra pas beaucoup de temps pour s'imposer parmi les meilleurs courtiers. C'est le mini-crash boursier d'octobre 1987 qui va rebattre les cartes de nombreux cabinets de courtiers. Jordan perdra son travail, mais pas sa motivation, ni son talent. En dehors de la place boursière new yorkaise il va se refaire une situation en vendant des titres sur un marché parallèle, un marché qui n'est, hélas, pas réglementé. L'empire qu'il va bâtir reposera donc sur des fondations d'une solidité douteuse.

On peut concevoir que la véritable histoire de Jordan Belfort a été l'arbre qui a caché la forêt de tout le système boursier des années Clinton. Il présageait pourtant d'un avenir sombre. Tout ce système était déjà vérolé par la titrisation qui produira ensuite le Crash boursier d'octobre 2008 et révélera l'escroquerie Madoff et la chute de Lehman Brothers.

Quant à Jean Dujardin, il a très justement investi son petit rôle de banquier Suisse un peu crapule sur les bords qui sait se jouer du système banquaire helvète pour blanchir de l'argent trouble. On perçoit l'aisance et le plaisir qu'il a de collaborer avec Scorsese qui lui rend bien en mettant en avant tout le comique du personnage. Et faire rire, ça Dujardin il sait faire.

 En fait, "Le loup de Wall Street" est conçu comme un très long clip de Rap, avec des voitures de luxe, de la drogue et des filles très court vêtues. Un clip qui viendrait se répandre devant nos yeux ébahis.

le loup de wall street (2)