Une rançon - de David Malouf (2013)

Le roman "Une rançon" de l'écrivain australien David Malouf, est paru aux éditions Albin Michel en août 2013.

C'est une des rares perles étrangères de cette rentrée littéraire 2013 (avec "Canada" de Richard Ford bientôt dans Le Monde de Kikushiyo. Mais surtout le surpuissant "Le dernier arbre" de Tim Gautreaux, qui sera bien évidemment commenté par Kikushiyo).

L'auteur revisite l'un des derniers chants de "L'Iliade" d'Homère. Achille est fou de rage quand il apprend que son ami de toujours, Patrocle, s'est fait tuer par Hector, le Troyens. L'Achéen décide alors de reprendre les armes pour le venger. Au combat son épée va mortellement fendre le cou d'Hector. Le cadavre sera ensuite souillé et traîné par le char d'Achille devant les remparts de Troie.

Priam, roi de la Cité et père d'Hector laisse son habit royal, endosse une simple tunique et part, sur une charrette tirée par deux mulets, à la rencontre de son ennemi pour lui demander le corps de son fils, afin de ramener la dépouille auprès des siens. Priam redescend parmi les hommes. "Il est vrai que les dieux m'ont fait roi, mais ils m'ont aussi fait homme, et mortel. Ils m'ont donné la vie et tout ce qui l'accompagne. Tout ce qui est doux. Tout ce qui est terrible aussi, ..." (p.86). Le charretier, quant à lui, ne s'attendait vraiment pas à chevaucher sur les sentiers avec, à ses côtés, un passager royal.

David Malouf évoque très peu les dieux grecs qui, dans les chants de "L'Iliade", accompagnaient les guerriers valeureux. Il situe le récit parmi les hommes. Ainsi, ce qui dans "L'Iliade" appartenait à la volonté des dieux, dans "Une rançon" tout relèvera de l'aléa et du hasard. Malouf va mettre de l'humain dans cette épopée, là où les dieux n'ont pas leurs places.

C'est le hasard même auquel Priam va se soumettre. Il est d'ailleurs surpris tellement ce mot lui parait étranger.

Dans un langage concis et clair, Malouf nous livre une histoire brillante et très contemporaine. Sans être féru de mythologie grecque, j'ai trouvé que l'histoire était universelle. C'est avant tout l'histoire de deux souffrances, deux hommes, Priam et Achille, qui vont se retrouver face-à-face après avoir perdu un être cher. La douleur les assaillent et ils l'exprimeront chacuns à leur manière. Est-ce un roman sur la vengeance ou bien sur le pardon ?