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le Monde de kikushiyo
14 septembre 2013

Jimmy P., psychothérapie d'un indien des plaines - de Arnaud Despleschin (2013)

Autant dire tout de suite que j'ai pris beaucoup de plaisir à voir ce dernier film d'Arnaud Despleschin. Toutefois, je peux concevoir que sans un minimum d'apports théoriques sur les concepts d'ethnopsychiatrie, l'approche de "Jimmy P., psychothérapie d'un indien des plaines" puisse être difficile.

jimmy pIl s'agit, ni plus, ni moins d'une cure analytique entre Georges Devereux et son patient, Jimmy Picard, un indien Blackfoot qui avait passé très peu de temps en France en 1945, à la fin de la seconde guerre mondiale. Quelques années plus tard, en 1948, il est pris de maux de tête aussi douloureux qu'inexpliqués. Sa soeur aînée va donc l'accompagner à l'hôpital de Topeka dans le Kansas, lieu de soins spécialisé dans le traitement des vétérans. Malgré les multiples examens, le somatique n'apportera aucune réponse quant à la pathologie, les soignants chercheront alors du côté du traumatique. C'est donc à ce moment-là que le psychanalyste Devereux sera sollicité, lui qui travaillait l'anthropologie et qui avait passé deux années auprès des indiens Mohave.

Lorsque la grande soeur de Picard, substitut maternel, lui dit qu'il n'avait plus qu'une moitié de vie, elle lui donne implicitement l'autorisation de s'engager dans les soins. La cure peut commencer.

Ce qui m'a passionné, c'est le voyage dans les méandres de l'inconscient de cet indien Blackfoot qui a rejeté en partie sa culture, en la dissimulant sous le voile de la religion catholique. Devereux va lui faire nommer les rêves et les cauchemars qui l'empêchent de vivre normalement. Le spectateur sera témoin de ses rêves et notamment de son enlisement dans les sables mouvants ou bien lors de sa lutte avec un homme sans visage.

Tout au long de l'analyse la relation entre les deux hommes évoluera, parfois vers des passages de plaisir et de complicité, avec une notion de transfert positif. Mais parfois les échanges se complexifient. Del Toro/Picard se rend compte que Devereux remet en cause la seule chose qui lui permettait de ne pas sombrer, c'est-à-dire la religion. Picard doute. On perçoit qu'une violence sourde s'immisce au gré de leurs propos. Va-t'il y avoir un passage à l'acte ? En fait, l'analyse c'est une histoire entre deux personnes, avec ses joies, ses peines. On croit qu'on touche au but et puis c'est la rechute.

jimmy p

"Jimmy P., psychothérapie d'un indien des plaines" c'est de la communication entre deux hommes qui, de par leurs origines, ne sont pas aimés. D'un côté il y a l'indien qui symbolise l'histoire et le sang de l'Amérique, et de l'autre côté il y a Georges Devereux, le juif errant d'origine hongroise qui a fuit une Europe dont lui aussi réveille la mauvaise conscience. Mais ces homme sont tellement différents. Il y a le grand qui parle lentement, comme s'il était écrassé par le poids de son histoire. Et puis il y a le petit vif, logorrhéique, celui qui amène la parole et qui écrit aussi beaucoup.

 Mais le plus impressionnant c'est qu'Arnaud Despleschin a réussi la prouesse de faire d'une discussion chargée de métaphores et de culture une véritable épopée du far west. D'ailleurs, les médecins accueillent Devereux/Amalric à la gare par un : "bienvenue au far west."

 

 Jimmy P. (Psychothérapie d_un Indien des Plaines) - Bande annonce VOSTFR

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