Le Fléau * (1) - Stephen King
C'est très étonnant de lire "Le Fléau*", alors qu'en ce mois de mai 2013, la propagation du Coronavirus dans le nord du territoire défraie la chronique. La radio parle d'une transmission possible d'homme à homme. Quand la fiction tutoie la réalité, il y a de quoi s'inquiéter, surtout lorsqu'il s'agit d'une création du roi de l'angoisse, Stephen King. Les comparaisons avec l'actualité sont troublantes.
C'est époustouflant comme les auteurs américains racontent simplement et justement des histoires qui nous happent. C'en est même déconcertant. On ne lit pas Stephen King pour y croiser les chemins de la grande littérature, mais on coure vers King pour côtoyer l'horreur à son paroxysme. Lui seul sait à ce point transporter le lecteur dans un univers de tensions et de suspens au rythme d'un page-turner.
J'ai littéralement dévoré ce premier tome (*) de 763 pages en poche. Les composantes du drame arrivent dès la première page. Dire qu'il s'agit de la propagation d'un virus mortel sur la terre n'est rien dévoiler du roman, puisque Stephen King nous plonge dans l'intrigue dès l'incipit. Une base militaire Texane qui, visiblement, se livrait à des expérimentations secrètes. Campion, soldat chargé de la surveillance se rend compte de l'accident. Il est trop tard, il doit juste protéger sa famille et fuir aussi loin que possible avec sa femme et sa fille. Ce qu'il ne saura jamais, c'est que le virus est dans ses bagages. La maladie va se répandre.
Le lecteur rentre immédiatement dans ce roman où l'auteur décrit minutieusement les protagonistes. Ils sont plusieurs personnages qui apparaissent peu à peu et qui vont nous accompagner tout au long des deux tomes : Stu Redman, Frannie Goldsmith, Larry, Nick Andros, Harold, La Poubelle, The kid, Randall Flagg, Mère Abigaël et d'autres encore. Et puis, on partage l'errance des survivants qui traversent à pieds, en vélos, en motos ou dans toutes sortes de véhicules, une Amérique dévastée à plus de 99%. Ils circulent sur les routes encombrées d'épaves et de corps qui se décomposent. Les rescapés se croisent et s'agrègent au gré des rencontres. Mais, l'Homme est ainsi fait, bientôt c'est deux groupes distincts qui vont s'affronter : d'un côté il y a le mal qui réunit ses forces à l'ouest, derrière Randall Flagg, cet homme dont le regard de braise vient construire les cauchemars des uns et des autres. Et puis, il y a tous ceux qui se réuniront auprès de mère Abigaël, cette petite femme de 108 ans, dont le poids des années n'a pas fait faiblir son espérance d'un lendemain meilleur. Cette vieille femme noire qui prend sa guitare pour chanter le Spiritual, assise dans son fauteuil à bascule. Les gens sauront s'orienter dans sa direction parce qu'elle aussi s'immisce dans les rêves, où elle vient s'adresser à ceux qui "croient" en elle. Bien entendu, les deux forces vont se retrouver face à face dans le second tome. Quelle direction prendra ce monde qui déploie ses forces nouvelles au gré des pages ? C'est le monde entier qui va s'engouffrer dans le chaos. Les rues vont se vider, l'anarchie s'installe. D'ailleurs, un très bon passage relate un groupe de tueurs qui s'empare d'un direct télévisuel. Ensuite, le petit jeu auxquels ils vont se livrer fera l'objet d'exécutions sommaires en cas de mauvaises réponses.
On suit le virus dans sa progression à travers le pays. L'auteur nous contraint à devenir spectateur impassible lorsque, par exemple, une famille entière est décimée après avoir contracté le mal invisible. King nous donne cette posture de voyeur qui n'est pas toujours simple à assumer. Mais, le désir de continuer la lecture est plus fort.
Les protagonistes sont dépeints avec une multitude de détails, ce qui fait que le lecteur s'attache aux personnages, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent. Des couples se font et se défont, des idylles s'installent. Des rivalités qui s'instaurent tout naturellement dans les groupes d'individus ou rien n'est jamais immuable.
Ce roman n'est plus de toute première jeunesse. La première parution date de 1981, puis en 1991 parait une version révisée par l'auteur. C'est cette version que j'ai lu en format "Le livre de poche". J'ai dévoré cette première partie où King a parfaitement dépeint une atmosphère apocalyptique.
13 mai 2013
Coronavirus : pour le Pr Guéry "une transmission d'homme à homme est tout a fait possible"
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