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le Monde de kikushiyo
3 mai 2013

Le repos du guerrier (épisode 1) - by Kikushiyo

Depuis qu'ils avaient quitté les côtes d'Aomori, la traversée avait durée deux jours. Ces temps-ci, le détroit de Tsugaru était agité par le vent, le voyage n'avait pas été de tout repos. A Hakodate, à peine le pied posé sur la terre ferme que Nagamaru les accompagne, comme promis, au meilleur shio ramen du coin. Les plats de soupe bruyamment avalés se terminaient par quelques lapements. On aspire, on mange, on rit. Le Saké coule à flot. "Effectivement" dit Hachiro Matsuda, "Je n'ai jamais mangé un ramen comme celui-ci.". Ce soir là, ils pouvaient bien s'autoriser quelques débordements. Repus et saouls, ils se sont endormis comme un seul homme.

7 samourais (8)A peine le temps de se reposer qu'aux premières lueurs du jour, ils étaient déjà sur la route. L'île d'Hokkaido est très grande et il ne leur fallait pas perdre de temps. Le chemin pour Sapporo  était encore long.

Déjà un mois qu'ils avaient quitté Tokyo, les cinq samouraïs avaient appris à vivre ensemble. Pourtant, ils venaient de régions différentes, ce qui pouvait les éloigner les uns des autres. Mais, par la force des choses et parce qu'ils avaient déjà partagé tellement de difficultés et de souffrances sur la route, qu'à présent leur relation était empreinte d'amitié, la vraie, celle qui façonne le destin des hommes qui feront l'histoire.

Nobunori Masamoto était originaire de Tohoku. Takatoshi Yoshizane était de Chubu, Hachiro Matsuda et Hidetanda Mototeru venaient eux de Kyushu. Et enfin, Nagatoshi Nagamaru était le descendant d'une famille autrefois réputée à Hokkaido. Tous appartenaient à de très anciennes familles de Samouraïs. Leurs aïeuls avaient connu la gloire de la guerre et l'oppolence. Ils étaient invités à la table de tous les Seii Taishogun.

A la disparition du shogun, les samouraïs ont perdu beaucoup. Non seulement leur place dans la société, mais ils n'étaient plus protégés, ni aimés par les nobles. L'empereur, gardien de la tradition, n'avait plus besoin des Samouraïs. A présent l'empire était unifié et l'avenir était désormais au commerce avec l'occident, c'était une autre époque. Quelques-uns ont rejoint les ministères. D'autres se sont réfugiés dans la marge pour y rester. Certains travaillaient dans les champs ; d'autres encore, pour gagner leur pain quotidien, allaient jusqu'à mendier dans les villes ou bien allant de porte en porte pour quémander leur pitance. Parfois, de pauvres hères croisés au hasard d'un faubourg contaient les batailles héroïques que livraient jadis les valeureux soldats.

C'était au printemps dernier. Les cerisiers offraient un spectacle de mille fleurs. Les azalées exhalaient une odeur de laurier et les boutons rosés de magnolia sortaient de leurs écrins de velours. Nagamaru était sur sa terrasse, creusant une bûche de bouleau, à la manière dont un vieil Aïnus lui avait enseigné quand il était enfant. Véritable métronome de patience, en rythmant le mouvement du bas vers le haut, puis du haut vers le bas. Peu à peu, le creux d'une écuelle se formait. Une fois terminé il l'offrirait à la vieille Neko.

Un craquement, des pas qui se rapprochent, Nagamaru lève la tête pour découvrir que le grand maître Keisuke Sadamori, le protecteur de l'esprit des Samouraïs s'avance difficilement vers lui. Se précipitant, abandonnant son ouvrage, il coure dans la direction du vieux. Nagamaru se jette à ses pieds. Le maître s'incline à son tour et lui demande de se relever :

- Nagatoshi, c'est parce que je connais ton frère, ton père, le père de ton père et que j'aie confiance au Samouraï que tu es. C'est pour cela que je dois t'entretenir d'une affaire très grave. dit le maître.

- Parle Maître, lui répond le Samouraï.

- Ma terre, notre terre ancestrale sacrée est en danger. Le Koshaku Kikutei qui tente de faire main base sur la région de Sapporo, veut construire ses quartiers d'hiver à l'endroit même où notre Éternel Tadakata Ikeda repose près du lac Shikotsu. Explique le vieil homme.

Nagamaru eut la mauvaise sensation qu'une aiguille venait lui perforer le cerveau. Il sentait son corps vaciller. Telle fut sa réaction à l'annonce de la profanation. Reprenant quelque peu ses esprits, il dit qu'il regrettait de ne pas pouvoir agir immédiatement. Les sépultures des Grands Samouraïs jalonnent l'ensemble du pays. A Hokkaido, les samourais loue un véritable culte au souvenir de Tadakata Ikeda.  °Il y a longtemps de cela au XVIII° siècle, Ikeda était le quarante septième ronin d'Asano Naganori et c'était le seul a avoir été enterré à Sapporo d'où il était originaire.

- Nagatoshi, nous ne pouvons mourir de cette manière. Les samouraïs doivent reprendre les armes et tu les guideras. Le sanctuaire d'Ikeda, c'est notre histoire, c'est à notre coeur qu'on s'attaque. Va, Nagatoshi. Parcoure le pays et reviens avec quatre de nos frères qui connaissent le maniement du sabre, comme toi tu le connais. Reviens avant que l'hiver ne saisisse Hokkaido. On l'annonce rugueux cette fois-ci. dit le vieux maître.

A SUIVRE...

 

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