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le Monde de kikushiyo
3 mai 2013

Le Fils - Michel Rostain

"Le Fils" - Oh ! Editions - Je ne me souviens plus quand c'était. Peut-être au début de l'année 2011, à la sortie du livre. Sur l'autoroute A36, le paysage défilait, long, lassant. A la radio, la musique déversait son flot incessant. J'avais mis France Inter ou bien France Culture. Je ne sais plus, peu importe. Et puis, le journaliste avait questionné et Michel Rostain, de sa voix grave, répondait. Il expliquait l'origine de son livre. Où avait-il puiser l'énergie pour écrire l'hagiographie de son fils, Lion, mort en 2003 à 21 ans ? J'ai été happé par cette discussion pleine, des mots tellement justes et offerts dans un climat feutré. Pour moi, le temps s'est arrêté et j'aurais voulu qu'il en soit ainsi indéfiniment.

le fils - Michel Rostain

Rostain était prêt, disait-il, à donner ce récit qui n'est pas un journal intime. Il disait qu'il l'avait écrit quand il avait eu dans la tête la musique de cette fiction. Et le thème de cette musique, disait Rostain c'était : "Dit papa, arrête de dire des conneries." En quelque sorte, "Le Fils" c'est une manière de nommer différemment, en acceptant les choses telles quelles sont : "Les morts n'ont rien à dire, ce sont les vivants qui racontent." disait Rostain.

Ce livre est dédié à Martine, la mère de Lion.

Disons qu'après l'émission, j'étais abreuvé de paroles justes et, passer à la lecture ne me paraissait pas utile. L'émotion qu'inspirerait le livre, il me semblait que je l'avais vécue ce jour là, sur l'autoroute, à 130 kilomètres heure. Il m'a fallu attendre deux ans pour que je me décide à lire "Le Fils".

Le livre, j'y suis entré comme on entrerait dans un cimetière, c'est-à-dire avec l'étrange sensation de ne pas être (encore) à sa place, mais avec le sentiment profondément respectueux envers ceux qui ont vécus et qui ne sont plus là. J'approchais avec beaucoup de compassion, mais d'emblée, Michel Rostain m'a mis à l'aise et il m'a ouvert en grand la porte de son récit, sans aucun pathos. J'ai beaucoup aimé.

Lire "Le Fils" c'est poursuivre une quête spirituelle. On accède à un état de sérénité en fin d'ouvrage. Parfois, je recevais les pages comme on répète un Mantra. Il m'arrivait aussi de revenir en arrière et relire certains passages. Il y a des moments plus compliqués que d'autres. Là, on doit faire un effort pour les traverser et on atteint ensuite la pureté d'une eau cristalline qu'on perçoit au détours d'un mot, d'une phrase. "Le Fils" c'est un instant de méditation. On en sort mieux.

Je dois dire que les pages du chapitre 6 final, sont certainement quelques une des plus belles qu'il m'ait été donné de lire en ce début d'année 2013. Le deuil est fait, les cendres blanches de Lion peuvent reposer sereinement sur les flancs noirs de l'Ejafjallajökull, le volcan Islandais qui devait entrer en éruption en 2010. D'ailleurs quand les cendres sombres du volcan se sont répandues sur l'Europe, l'ensemble du trafic aérien a été paralysé et les parents de Lion "étaient debout sur la table en hurlant de joie" (cité par M.Rostain). Leur fils adressait-il un signe ?

Les signes sont très présents dans ce livre. Faut-il y accorder une importance particulière ? Seul Rostain peut y répondre. En tout cas, bien des années après la mort du fils, Lion, une image troublante apparait dans un lac islandais. Deux ans avant ce drame, le compositeur japonais Susumu Yoshida proposais à Michel Rostain (qui dirigeait le Théatre de Cornouaille, Scène Nationale de Quimper) l'Opéra "La rivière Sumida" dont le thème est, la mort d'un enfant.

Quoiqu'il en soit "Le Fils" est une ode à la vie comme le dit Michel Rostain. je veux bien le croire. Bravo.

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