Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le Monde de kikushiyo
13 avril 2013

Hôpital psychiatrique - Raymond Castells

J'appréhende toujours les romans évoquant des questions de psychologie humaine écrits par des psychologues. Vont-ils en faire trop ? Veulent-ils épater le lecteur en l'abreuvant de descriptions cliniques incompréhensibles ? Raymond Castells est psychologue clinicien nous dit la quatrième de couverture.

hopital-psychiatrique-raymond-castells-rivageAprès quelques pages, je comprenais non seulement que ce livre n'allait pas être (heureusement) un énième séminaire lacanien, mais que c'était un véritable roman qui allait me faire traverser des contrées obscures de l'inconscient masculin. Sa lecture vient faire vibrer des émotions qui touchent à nos peurs primales. Me concernant, il  met le doigt sur quelques unes de mes angoisses. Si j'avais à m'allonger chez un psychanalyste pour évoquer mes peurs les plus profondément enfouies, il semblerait que l'univers de claustration dans lequel va être plongé Louis Dantezzi à l'âge de 17 ans, pourrait en expliquer une partie.

Louis est-il coupable du parricide dont on l'accuse, ainsi que du viol de sa soeur ? Quoiqu'il en soit, le juge d'instruction le déclare étonnamment irresponsable et l'envoie vers l'asile d'aliénés de Murmont en 1937. Il va se confronter à un univers de violence, de marché noir, de corruption. Le jour de son arrivée Louis est seul, les gendarmes veulent sa mort car il aurait tué l'un des leurs. Il est envoyé au quartier des agités et des criminels dangereux. Louis y côtoie des individus pervers, des tueurs qui n'ont aucune morale. Tony, le caïd du quartier, s'extasie devant la beauté du nouvel arrivant et le regarde avec délectation (j'en ai encore froid dans le dos). Il le verra ensuite comme un rival dont il faudra se débarrasser.

Comment Louis peut-il se protéger des sévices des aliénés ? Mais surtout comment se protège-t'il du sadisme des gardiens, dont la barbarie fait grincer des dents ? Plus il se révoltera contre l'inhumanité de son traitement, plus les sanctions seront cruelles. C'est son intelligence et sa rencontre avec le Docteur Bronstein qui vont permettre une petite éclaircie dans un ciel obscur.

C'est en 2010 que Louis, âgé de 90 ans et sa femme Louise sont interviewés et racontent leurs vies d'internement. Ils prendront la parole tour à tour pour présenter leur histoire et leur point de vue. Ce récit alterne donc entre les chapitres "Louis" et les chapitres "Louise".

Ne cherchons pas dans ce récit LA perfection littéraire, nous n'en sommes pas là. L'auteur scande beaucoup trop son texte entre le récit de Louis et celui de Louise, beaucoup plus court. De mon point de vue, l'effet de flashbacks de 3 ou 4 pages ne fonctionne pas. Mais le point fort de ce récit, c'est l'histoire que Castells présente, parce qu'une fois qu'on a mis le doigt dans l'engrenage narratif, on est pris d'une véritable frénésie et il est difficile de se séparer de ce livre qu'on dévore de bout en bout, "cul sec". Et de cela, on peut dire qu'il s'agit d'une prouesse littéraire.

Et puis il y a un polar qui s'immisce peu à peu dans le récit. En effet, on est tellement absorbé par les descriptions de l'univers psychiatrique, si oppressant mais si fascinant à la fois, qu'on en oublierai parfois l'origine de ce drame.

Pour l'époque, la présentation de la psychiatrie n'est pas édulcorées. Ca sent la pisse à l'étage des grabataires et les matelas sont auréolés. Les matelas sont pourris et il est difficile d'avoir de la paille fraîche et propre sur laquelle s'allonger.

Je préciserai qu'il y a dans ce roman plusieurs gênes communs avec "Vol au-dessus d'un nid de coucou" (1975 - Milos Forman) et, s'il n'était pas dit que Louis avait un père italien, je l'aurais pris pour le fils naturel de Randall Patrick McMurphy (Jack Nicholson).

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
le Monde de kikushiyo
Derniers commentaires
Publicité